Alphabet-Monde
L’Alphabet-Monde
Les élèves de 6°D travaillent depuis quelques temps sur un vaste projet autour du thème de la migration avec le festival Modes de Vie, la Maison Phare, le Conservatoire et la Bibliothèque de Fontaine d’Ouche.
Il s’agit d’un projet sur deux ans autour des différentes cultures du quartier de Fontaine d’Ouche pour un acte de co-création humaniste, poétique et profondément antiraciste d’un livre qui sera édité et publié puis vendu dans plusieurs librairies. Un exemplaire sera offert à chaque élève ayant participé au projet.
Après avoir étudié des textes littéraires liés au thème de la migration (Beurre Breton et Sucre Afghan d’Anne Rehbinder, Aussi Loin que la Lune de Sylvain Levey) et réalisé des recherches sur les différents contextes de migration humaine, les élèves ont participé à des ateliers d’écriture avec les CM2 de l’école Alsace.
Ils ont aussi travaillé sur les origines et les significations de leur prénom, sur leur propre histoire, avec ou sans migration. Certains discours ont été enregistrés puis montés par Stéphane Haquin de la Maison Phare avec les chansons choisies par les élèves afin de réaliser des podcasts disponibles sur ce lien :
https://lapieuvre-podcast.fr/lalphabet-monde-mode-de-vie-2024-la-maison-phare/
De la même manière, les 6°D vont ensuite interviewer les élèves d’UPE2A sur leur parcours de vie, pour rédiger des textes à enregistrer en atelier radio également. Ils seront ensuite montés en podcasts et publiés au même endroit.
Après des recherches et une enquête pour récolter tous les différents alphabets des langues parlées par les habitants du quartier ayant migré, les élèves ont participé à des ateliers avec Marianne Dineur, plasticienne enseignant au CCR et illustratrice spécialisée dans la gravure.
Ils ont utilisé des lettres des différents alphabets récoltés qu’ils ont découpées et assemblées afin de recréer un alphabet original avec des symboles inédits. Ils ont ensuite expérimenté différentes techniques d’impression pour créer les visuels que vous pouvez observer sur les photos et qui sont également exposés à la Maison Phare.
Vous trouverez ci-après quelques textes qui ont déjà été produits par les élèves lors des ateliers d’écriture.
Bonne lecture !
J’aimerais être un oiseau
J’aimerais être un oiseau, pour pouvoir planer au-dessus de l’eau.
Pour ne plus penser au malheur, alors que nous ne rêvons que de bonheur.
J’aimerais être un oiseau, pour ne plus me soucier des frontières de notre pays en guerre.
J’aimerais être un oiseau, pour m’éloigner des hurlements, des pleurs, des prières, qui font faner la fleur de mon cœur.
J’aimerais être un oiseau, moi, Amel d’Afghanistan, pour ne plus voir mon pays à feu et à sang.
La lueur de l’horizon me redonne l’espoir d’un jour les revoir.
Adèle et Maya
Rivière
C’est une rivière,
Une rivière seule
Une rivière grise
Dans cette rivière
Cette rivière triste
Cette rivière noire
Il s’est couché, les yeux fermés
Il a sombré, le cœur serré
Je ne veux pas, je ne veux pas
Raconter ça, raconter ça
C’est une rivière
Une rivière froide
Une rivière morte
Elle a migré, s’en est allée
Un souvenir resté gravé
Un lourd secret qui s’est noyé
Kélia et Elyne
Syrie
Une famille a fui la guerre en Syrie pour trouver une vie meilleure.
Ils ont pris l’avion pour aller dans un pays d’accueil. Ils rêvaient de vivre en France.
Il y avait une association qui aide les familles.
Grâce à elle, ils sont arrivés jusqu’à Paris, épuisés mais heureux. Le rêve devenait réalité.
Un oncle les a recueillis.
Mais il y a des souvenirs tenaces…
Leur chambre donnait sur une courette grise.
Grise était un faible mot, on aurait dit qu’un de ses murs était noirci par un début d’incendie.
Eux qui venaient d’une ville blanche, à l’abri de toute pollution, ils ont dû se résigner à la couleur triste des pierres, au temps pluvieux en se disant comme tant d’autres :
« C’est cela Paris ? »
Saima, Suhib, Kelia et Elyne
Des souvenirs pour se réchauffer
Il était une fois une famille qui a subi une catastrophe naturelle.
Les adultes de la famille prennent la difficile décision d’émigrer.
Au cours de leur long périple, ils rencontrent d’autres exilés.
Malheureusement, ils ont peu à manger mais ils s’entraident les uns, les autres.
Ils manquent de couvertures pour se réchauffer la nuit.
Pour les réconforter, Tania, Maya, Ihssan, Naomie et Yero leur racontent leurs souvenirs :
LE CRABE
Je me souviens, il faisait beau et le soleil était en train de se coucher.
Je me souviens, j’étais avec papy, mamie, maman et ma cousine.
Je me souviens de la mare et de la table de pique-nique.
Il y avait une boite transparente.
Je me souviens de la fausse canne à pêche.
J’étais en train de faire semblant de pêcher.
Pendant ce temps ils avaient capturé
Quelque chose dans la boîte
Quand je l’ai regardée, j’ai vu que c’était rouge à travers
C’était un crabe ! La première fois que j’en voyais un ! Il bougeait dans tous les sens.
Je me souviens que j’avais peur.
LES SOUVENIRS DANS MON PAYS
En Tanzanie, je me souviens qu’avec ma famille on rigolait tous les jours. On mangeait de l’Ugali, c’était délicieux. Après on dansait le Ngoma en famille. On faisait aussi des barbecues et on organisait les meilleurs mariages les pieds dans le sable. On faisait des pique-niques. On était couché sous le soleil. On allait à la plage et on portait des colliers de fleurs. On a visité un zoo et j’ai vu des guépards (je précise : aconyonix jubatus soemeringi, nom scientifique) et des propithèques couronnés. Je les ai pris en photo pour en faire un album.
PHOTO D’UN PROPITHEQUE
Malheureusement, nous devions quitter ce territoire magnifique et plein de découvertes. Nous étions tristes d’avoir quitté ce pays car nous y avions passé des moments heureux ensemble. Nous ne savions pas encore dans quel pays nous allions atterrir. Au même moment, j’espérais que nous allions passer quand même de bons moments.
Notre pays est en guerre, c’est pour cela que nous l’avons quitté. Nous ne voulions pas risquer notre vie.
Ihssan, Naomie, Yero, Tania et Ylana
Le médaillon
Je suis parti de mon pays
Là où j’ai laissé ma famille unie
Je leur ai fait un dernier signe
Avant de m’enfuir, restant digne
Je tiens mon médaillon d’or sombre
Et je sens mon cœur fondre
Je revois les yeux de mon grand père
La joie s’effondrer par terre
Je suis sur ce bateau de fortune
Qui navigue sur les vagues, comme des dunes
Quand je suis arrivé je me suis allongé sur la plage
Et j’ai vu des nuages
Je voyais l’ombre des oiseaux à travers l’océan
Je pense qu’ils migrent comme moi, mais eux en volant
J’aimerais tellement être un oiseau
Eux aux moins ils n’ont pas besoin de risquer leur vie dans l’eau
Elyne et Kelia
Pièces jointes
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